DAVID TEIXIDÓ, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE PASIONA : « Les nouvelles générations sont mieux préparées sur tous les sujets ».

L’avenir des technologies de l’information est aussi prometteur que le présent : la numérisation est un must pour toutes les entreprises, même « l’empathie sera numérisée ». David Teixidó, Directeur Général de l’entreprise technologique Pasiona, considère que c’est ce que les nouvelles générations en retirent. En cela et « en tout ». C’est pourquoi il considère que les entreprises doivent s’adapter à leurs besoins, à leur façon de se comporter et aux nouvelles hiérarchies. Le problème est le manque de talent par rapport à la demande de professionnels dans le marché du travail.

La croissance de Pasiona a été exponentielle et très rapide depuis sa création en 2006, tant en main d’œuvre qu’en chiffre d’affaires. Quelle est la clé ?

Je crois qu’il n’y a pas qu’un seul élément, mais la constance, la persévérance et le savoir-faire sont essentiels. Nous avons vu le jour au mauvais moment, juste avant la crise, et bien que le secteur ait été durement touché, nous avons progressé d’environ 10%. Cela signifie que nous avons fait des choses différentes : nous avons apporté l’engagement et le sérieux. Dans le secteur des technologies, il est courant que les projets se déploient dans le temps et soient coûteux. Ici, nous essayons de l’éviter.

Le fondement de cet engagement doit être l’individu. Quelle est la situation du marché du travail dans ce secteur ?

Le secteur technologique est excessivement compétitif et je pense que le marché à Barcelone risque de mourir de son succès. Manque de talents : le taux de natalité est faible et les universités ainsi que la formation professionnelle ne créent pas les talents nécessaires pour pourvoir les postes vacants. Nous avons un sérieux problème de surcharge.

Dans un secteur aussi changeant et avec une compétitivité aussi élevée, il est nécessaire d’actualiser à chaque instant. Comment fidélisez-vous vos employés formés chez Pasiona ?

C’est la préoccupation des salariés qui est la plus importante. Les bons professionnels s’intéressent à l’apprentissage de nouvelles langues. Si notre personnel passe trois ans à développer le même système, leur illusion s’estompera. Ils ont besoin d’explorer de nouvelles choses et ils savent aussi que ceci est plus intéressant. C’est pour cette raison que nous recherchons des projets de ce type : nous refusons généralement les projet avec une technologie que nous considérons obsolète ; ceci est paru comme une punition pour le professionnel.

S’ils sont plus audacieux, ils sont plus susceptibles de recevoir des offres d’autres entreprises. Comment retenez-vous vos talents chez Pasiona ?

Avec de bons projets, une bonne ambiance et un travail de qualité. L’une des mesures que nous étudions actuellement est de profiter de la réglementation espagnole qui exige une certaine flexibilité de la part des salariés : deux jours à domicile et une journée de travail intensive non seulement en août comme cette période de l’année, mais du 21 juin au 21 septembre. Si vous forcez les jeunes à travailler un vendredi après-midi, ils partiront.

Prendre soin des employés est-il devenu le plus grand défi de l’entrepreneur ?

Dans un processus industriel, vous pouvez investir dans la chaîne de production, mais nous sommes une entreprise de services et le capital dont nous disposons est humain. Nous voulons que les gens viennent au travail heureux et rentrent chez eux encore plus heureux. Pour y parvenir, nous avons pris des initiatives, comme un service de massage : un physiothérapeute vient deux jours par semaine.

En tant qu’entreprise florissante, quelles sont les valeurs transmises aux employés ?

La constance et la persévérance sont les valeurs les plus importantes que nous essayons de transmettre. Nous faisons beaucoup de teambuilding. D’autres initiatives sont la Journée des fruits, le lundi et le mercredi, nous faisons du mindfulness, et nous payons aussi 80% des frais de gymnase. Ces projets sont généralement très bien perçus.

L’informatique est une profession statique. Est-il particulièrement important d’investir dans la santé de ce type d’entreprises ?

La santé est fondamentale pour avoir des gens heureux, sûrs d’eux et concentrés ; en somme, de bons employés. L’activité physique est nécessaire et je crois que les entreprises devraient jouer un rôle important dans la rééducation des professionnels aux bonnes habitudes.

Actuellement, il n’existe pas de « travail pour la vie ». Le turnover est très élevé, surtout chez les jeunes. Comment éprouve-t-on un sentiment d’appartenance pour votre l’entreprise ?

Avec soin et attention, qui sont deux de nos devises. Je m’assois avec chaque salarié une fois par an pour faire une évaluation et chacun apprécie ce moment. Je n’ai jamais rencontré un supérieur auparavant ; cela a beaucoup changé.

Les hiérarchies dans les entreprises se sont-elles assouplies ?

La hiérarchie est toujours nécessaire dans une entreprise : le leader doit être identifié. Mais sa relation avec les employés doit être très horizontale, proche et amicale. Nous devons éviter les positions de force. Ici, le mérite revient à l’équipe.

Pensez-vous que les nouvelles générations rejettent de plus en plus les hiérarchies ?

Les relations entre les dirigeants et les salariés ont beaucoup changé. De nos jours, les étudiants en stage son beaucoup plus proches. Les barrières entre les dirigeants et les salariés sont diluées et si vous n’êtes pas en mesure d’assouplir certaines choses dans votre entreprise, vous disparaissez.

Comment les différentes générations vivent-elles ensemble ?

Nous possédons des salariés de 50 ans et d’autres de 22 ans. Nous avons tous dû nous adapter : les nouvelles générations à nous et nous à eux. Les jeunes entrent sur le marché du travail avec un système de relation différent de celui que nous avions auparavant : les règles de coexistence et de respect sont différentes.

Et ces nouvelles générations sont-elles prêtes ?

Dans tous les sujets. Leurs capacités sont supérieures à tous points de vue : ils comprennent et communiquent beaucoup mieux avec le monde numérique. Ils sont aussi plus préparés dans les langues, dans le sport… en tout.

L’interview complète pourra être lue dans le rapport “#2030: les personnes, les talents & le business dans l’entreprise de demain”.

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