Javier Aguilar, PDG de KingEClient: “L’entreprise d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle de demain.”
Accélérer la prise de décision, vivre en temps réel et apprendre rapidement des erreurs. Dans une société à court terme, c’est l’attitude qu’une organisation doit adopter pour s’adapter au changement, d’autant plus lorsque le contexte organisationnel est étroitement lié à l’ère numérique, en constante évolution. Chez KingEClient, cabinet de conseil digital de référence pour grandes entreprises, nous assurons que l’engagement des talents est la clé de la croissance et de la réussite. C’est ce qu’explique son PDG, Javier Aguilar, qui parie sur l’engagement de personnes énergiques et non-conformiste et insiste sur le fait que l’entreprise doit se soucier de leur bien-être.
KingEClient a été fondé à Barcelone en 2000 et a déjà ouvert des bureaux à Madrid, Andorre, Bruxelles, Dubaï et Riyadh. Pourquoi cette expansion ?
En réalité ? C’est plus le fruit du hasard qu’une stratégie d’internationalisation. Nous avons accompagné nos clients et cela nous a conduit à nous développer dans d’autres villes. C’est tout le contraire de ce qu’on m’a appris à l’université ! La plupart des entreprises se développent ainsi.
Le monde académique accuse-t-il un pas de retard sur le monde des affaires ?
Deux, voire trois ! Mais ceci évoluera. Je suis convaincu qu’il y aura un rapprochement beaucoup plus solide. C’est pour cela que les étudiants ont besoin d’un enseignement beaucoup plus pragmatique, orienté vers le quotidien du monde de l’entreprise. Vous pouvez finir par vous spécialiser dans les produits dérivés et produits intégrés, mais vous n’avez pas encore acquis de compétences professionnelles clés comme le travail d’équipe, la prise de parole en public ou l’apprentissage de la négociation. Ceci est en train de changer, les universités accordent beaucoup d’importance à ce domaine, mais il y a encore du chemin à parcourir.
Quels profils sont retenus chez KingEClient ?
Le plus important est de trouver des talents qui soient très peu conformistes avec la connaissance. Je parle de profils très dynamiques, qui s’intéressent, lisent des articles, participent à des forums et interagissent avec les clients pour découvrir ce dont ils ont besoin avant quiconque. Nous sommes dans un secteur qui évolue si rapidement que lorsqu’une formation réglementée sort, elle est déjà devenue obsolète. Nous valorisons davantage l’attitude, la responsabilité et l’engagement.
Les entreprises sont-elles prêtes pour la transformation digitale ? Peut-on l’éviter ?
Chacun y est préparé bien que, bien évidemment, chacun à son rythme. De même des entreprises. Maintenant, que nous puissions ou non échapper à la transformation digitale… pourquoi pas ? Je sais ce que je vends, mais il est vrai que la notion de valeur de certaines entreprises est basée précisément sur le contraire, sur le traditionnel, sur un savoir-faire 100% artisanal. Elles survivent aussi. C’est une tendance minoritaire, mais je pense qu’elle prendra de plus en plus d’importance. La société doit compenser la digitalisation.
Quels progrès technologiques marqueront les organisations au cours des prochaines années ?
D’une part, dans une société qui voit de plus en plus à court terme, on s’engage de plus en plus en faveur de systèmes de connaissances avancés qui permettent de retenir les talents. La durée moyenne d’un salarié au sein d’une entreprise a fortement diminué. Si nous perdons des talents dans un court laps de temps, l’entreprise perd des connaissances et ralentit sa croissance.
Quelle est la place de l’innovation ?
Il est essentiel de la promouvoir dans chaque organisation, mais dans notre cas, nous misons sur l’innovation réelle : nous investissons dans le développement de projets qui auront une application réelle dans 1 ou 2 ans. C’est beaucoup plus logique, le risque est plus faible et le rendement est plus élevé. Il n’y a rien de mieux que votre équipe pour savoir ce dont votre client a besoin : mettez en place les mesures pour qu’elle puisse travailler dans le meilleurs environnement possible.
En quoi le fait d’avoir un personnel aussi jeune chez KingEClient vous affecte-t-il ?
Les jeunes d’aujourd’hui ont grandi avec des valeurs très différentes de celles des générations précédentes : ils intègrent un projet tout en s’y investissant, puis ils changent. Dans des entreprises comme KingEClient, le turnover est de 30%, cela signifie donc que, en moins de 2 ou 3 ans, le personnel changera presque complètement. C’est une tendance mondiale, surtout dans le secteur du digital : l’entreprise d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle de demain.
La rotation de personnel favorise également une plus grande diversité. Est-ce là une autre valeur essentielle pour l’entreprise de demain ?
Sans aucun doute. Il est fondamental de promouvoir la diversité dans tous les sens du terme : sexe, culture, âge… par exemple, nous avons plus de directeurs femmes qu’hommes dans plusieurs pays. Une entreprise qui a le besoin de renforcer sa diversité sera en difficulté : c’est quelque chose qui doit être naturel.
Comment éviter une fuite des talents dans une entreprise en perpétuel renouvellement ?
L’entreprise doit également répondre à ces besoins de changement. Comment ? Avec de nouveaux clients, avec un projet attractif, avec un déménagement de bureau ou encore avec un nouveau poste dans l’une de vos filiales à l’étranger… c’est stimulant, c’est une génération qui apprécie être motivée, il faut un autre modèle.
Quel rôle pour la Direction des Ressources Humaines dans un tel contexte ?
Ici, on ne parle plus de ressources humaines, mais d’un Directeur des Ressources Humaines qui a la responsabilité d’assurer le bien-être de nos talents. Il se consacre à assurer un meilleur climat social, à promouvoir la croissance professionnelle de notre équipe, le système de primes, la cohérence avec les valeurs, la résolution d’éventuels conflits…
L’interview complète pourra être lue dans le rapport “#2030: les personnes, les talents & le business dans l’entreprise de demain”.
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